Animateurs de philosophie
Contrairement au continent américain, la France a développé une pluralité de modèles pour animer des discussions philosophiques et ateliers philo avec des groupes. Ces modèles se distinguent les uns des autres essentiellement par le dispositif d’animation mis en place. Quatre grands modèles de dispositifs sont identifiés en France :
¨ Celui de Matthew Lipman, qui consiste à lire en petit groupe des extraits de romans écrits pour l’occasion ; à laisser les participants faire émerger des questions ; puis à choisir et discuter l’une d’elles. L’animateur intervient uniquement pour faire progresser la rigueur et la pertinence de la réflexion commune, en incitant à la mise en œuvre de compétences précises qui font l'objet d'un véritable apprentissage. La séance dure en général entre une heure et une heure trente.
¨ Celui de J. Lévine, et du groupe AGSAS, qui repose sur une approche psycho-pédagogique. Les participants discutent librement une question donnée, sans aucune intervention de l’animateur pendant dix minutes en étant, si possible, enregistrés. Les dix minutes suivantes peuvent être consacrées à l’écoute de l’enregistrement et à son exploitation avec l’aide de l’animateur. L’idée est de laisser l’occasion à l’enfant de faire l’expérience de sa pensée, de ce que ses mots disent du monde dans lequel il vit, sans influence de l'adulte.
¨ Celui de la « Discussion à visée philosophique » (DVP) conceptualisé par M. Tozzi, professeur en didactique de la philosophie à Montpellier 3, et Alain Delsol, professeur des écoles. Ce dispositif consiste à choisir un thème de réflexion avec les participants et à les laisser s’exprimer de manière semi-dirigée. Le dispositif d’animation qui distribue différents rôles aux élèves s’inspire des apports de la pédagogie institutionnelle. L’accent est mis sur l’acquisition de trois compétences : conceptualisation ; problématisation ; argumentation.
¨ Celui d’O. Brénifier, d’inspiration socratique, qui suppose une intervention importante de l’animateur pour amener le participant à préciser sa pensée, en examiner la cohérence logique et la portée.
Sur le terrain, beaucoup d'animateurs adaptent les dispositifs à leurs objectifs pédagogiques, au contexte, à l'âge des participants, etc., mixant les ressources et outils de différents modèles.